J'en pense que les motards ne sont pas des robots.
Dans mon coin, on répond presque toujours à mes saluts. Et je réponds presque toujours à ceux des autres. Le "
presque" étant dû aux conditions de circulation qui font, que, parfois, j'aperçois l'autre trop tard (c'est incroyable, le nombre de motos que je croise, collées serrées au camion qui les précède...
Ou alors, c'est toujours les mêmes qui répètent tous les jours les mêmes erreurs, remarque). Ou que je pense avoir autre chose à faire de plus important. Idem pour l'autre.
Ce salut prend diverses formes : signe appuyé de la main, V, deux doigts qui s'écartent de la poignée sans que la main ne la lâche, signe de tête... On ne le remarque pas toujours, et pendant qu'on vérifie si l'autre répond on ne fait plus gaffe à la route. Alors, maintenant, je salue sans me poser de question : si j'aperçois un mouvement chez l'autre, tant mieux, sinon tant pis. Si je me prends un vent, qu'importe. D'ailleurs, hier, je m'en suis pris plein. Je me demande si les températures en baisse ne sont pas en cause : le motard serait-il un animal à sang froid, comme le lézard ?
Pour le remerciement aux véhicules qui nous laissent passer, ça m'a tout l'air d'être systématique, dans mon coin. Peut-être est-ce dès l'auto-école que cette règle s'apprend plus ou moins bien ?... Je sais que, dans la mienne, on insistait sur l'importance de ce salut.
Maintenant, c'est quoi, un salut ?... Crois-tu que ce soit révélateur de l'esprit motard ? Saluer ne coûte rien. Combien s'arrêteraient réellement pour te dépanner si tu étais dans la mouise ?
Je pense que l'esprit motard, s'il a jamais existé, est toujours présent. Mais qu'il se noie un peu dans une population plus hétérogène que par le passé. Le cadre quadra qui se met à la 125 juste parce que c'est plus pratique pour aller bosser, puis qui passe son A pour s'offrir une machine plus performante (souvent un gros scooter) mais toujours pour aller bosser, n'aura pas le même esprit que le passionné de moto. Ce qui ne signifie pas qu'il a mauvais esprit, attention. Et passionné de moto, ça regroupe quoi ? La vitesse ? La balade ? La mécanique ? Trail, sportive, roadster, custom ?... Ce ne sont pas les mêmes passions.
Moi-même, je me situe où ? Cadre quinqua qui se met à la 125 à 50 ans, passe son A et dans la foulée achète un GC à 51 ans, qui l'utilise pour aller bosser et comme véhicule de plaisir, passionné depuis toujours mais qui a attendu 30 ans avant de s'y mettre, suis-je classifiable ? J'ignore en tout cas si j'ai l'esprit motard. En partie, oui. Mais en totalité j'en doute.
Et puis l'esprit motard, c'est quoi ? La manifestation d'un comportement corporatiste qui nous amène à nous trouver en opposition avec les scooteristes (que j'ai renoncé à saluer, puisqu'ils ne répondent jamais à mes gestes... mais qui peut-être ne répondent pas justement parce que les motards les ont trop longtemps snobés) ? L'envie de saluer des inconnus qui semblent partager une passion avec vous ? Le mépris affiché par beaucoup pour les permis B qui se permettent de rouler sur des 400cc à 3 roues ? Le gars qui, malgré qu'il ait deux mains gauches, n'hésite pas à s'arrêter pour proposer son aide à un motard en panne sur le bord de la route ?... Le pilote de Harley qui t'ignore superbement, fier comme un bar tabac sur sa bécane ?... Le gars en Street Triple qui s'est arrêté pour m'aider quand je me suis ramassé avec ma 125 ?
Sais pô. Vis l'instant, et ne te pose pas trop de questions.