Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas présenté de nouvel essai moto. En effet, je cherchait désespérément une FZ6 S2 (N) pour boucler mon comparatif roadster mais aucun garage du coin n'en avait, ou alors seulement des Fazer. Je ne baisse pas les bras et je me débrouillerait pour en trouver une !
C'est ainsi que je me suis rabattu sur la KTM 990 Superduke qui me faisait de l'oeil depuis un petit bout de temps !
Apparue en 2005, la KTM 990 Superduke se veut être la première vrai "routière" de la marque, jusqu'alors connu et renommé pour ses enduros et supermotos. Dès sa sortie elle fut d'emblée qualifiée de machine explosive : Bicylindre en V à 75° sortant 120 cv en version libre (106 pour la France) pour 190 kg, KTM vise le marché des Roadster méchants.
Mais celà sera t-il suffisant pour aller jouer sur le terrain des japonaises ?
Voici quelques éléments de réponses.
Un style à part
Comme à l'accoutumée, shooting photo de ma machine d'essai.
(Cliquez sur les images pour les agrandir si besoin)
D'emblée, on constate un style radical et sans appel : lignes taillées à la serpe, machine ramassée, sensation de grosseur impressionnante avec les carénages avant, pots sous la selle, fourche énorme. La peinture est ici en 2 tons avec un mélange de peinture mat et de peinture brillante du plus bel effet soulignant le coté "racing" de la moto. Il faut bien avouer que KTM affiche la couleur en parant son roadster d'une carrosserie bien méchante indiquant clairement ses intentions.
Néanmoins un oeil aiguisé verra certaines ressemblances avec d'autres modèles de la marque tel la Supermoto entre autre. En effet les carénages sont largement inspiré de ce que la marque fait pour ses modèles d'yhpermotard. Le cadre tubulaire rappel également ce type demachines. Une KTM à part, mais une KTM quand même, la filiation reste assez évidente.
D'ailleurs, à bien y regarder cette machine ressemble beaucoup à une SM : grand guidon droit, selle haut perchée, petit réservoir. On en arrive même à remettre en cause les prétentions routières de la machine.
Il est temps de monter dessus pour voir ce que ca donne.
Première approche
Les apparences sont parfois trompeuses. En effet, la bestialité de la machine à l'arrêt pourrait en arrêter plus d'un, pourtant on reste bel et bien dans le domaine de l'impression car une fois à son guidon, il n'en est rien !
Seule l'assise qui semblait être haute se confirme, la selle est assez haut perchée mais très moelleuse et confortable. Pour le reste, on est sur une moto fine, V-Twin oblige. L'entrejambe est très fin conférant de suite une assez bonne mobilité. On ne ressent pas du tout cette impression de grosseur de la machine que l'on pouvait avoir à l'arrêt.
Le guidon est assez large mais tombe facilement dans la main. les cales pieds sont placés assez bas, ce qui ne plie pas trop les jambes. Le réservoir, totalement plat sur les bords permet de bien le serrer et ainsi, grands et petits, pourront trouver une bonne position, surtout que la grande selle permet de se caler contre le réservoir ou au fond de la selle suivant les envies du pilote. La position dans l'ensemble est très droite et se rapproche beaucoup d'une Supermot'.
La finition est assez bonne mais on regrettera que pour une machine de route le compteur soit si peu complet. En effet, il ressemble énormément aux compteurs des supermot' de la marque et ne bénéficie que de peu d'infos : Totaliseur, 2 trips et une température d'eau. Dommage pour une machine destinée à la route.
La machine semble également légère, ou du moins bien équilibrée et son poids à l'arrêt ne se fait guère sentir.
Je suis de plus en plus curieux de passer à l'action et voir ce que donne sur route cette SuperDuke.
Mise en condition
Clef dans le contact, le compteur s'initialise et une pression sur le démarreur lance ce gros Bicylindre. Première surprise, le moteur cogne et vibre au ralenti. Et oui, on est bel et bien sur un bi, il ne faut pas l'oublier.
L'embrayage est assez souple mais la boite de vitesse claque relativement fort (tient comme le fazer) pour passer la première. Le moteur me parait d'entrée de jeu ultra nerveux. En effet, comme d'habitude, je souhaite partir sur un filet de gaz histoire de me familiariser avec la machine et voilà qu'elle cale. Il ne faudra donc pas hésiter monter un peu dans les tours au démarrage pour la lancer.
Ce moteur à l'air à première vu vraiment bien rempli, on arrive très vite dans les tours et nécessite de passer rapidement ses vitesses, même à faible allure et on se retrouve facilement à cruiser en 4eme à 50-60 km/h. Ce dernier reprend d'ailleurs sans rechigner à faible vitesse même sur les derniers rapports.
Toutefois, les vibrations présentes à l'arrêt ne s'estompent pas .... Elles empirent. En effet, la machine est très vivante, ca cogne, ca vibre de partout. Certains apprécieront. Je note également une certaine brutalité de la machine à la coupure et à la remise des gaz me rappelant le tempérament joueur des 3 cylindres britanniques.
En terme pratique, la visibilité des rétros est inexistante, on ne voit que ses coudes, et il faudra bien les rentrer pour voir ce qui se passe derrière. La position très naturelle n'est pas fatigante du tout. Le rayon de braquage est quand à lui correcte et permet de tirer son épingle du jeu en ville lors de manoeuvres, sans toutefois offrir une mobilité exceptionnelle de la machine. Passée 100 km/h, la protection de la machine est inexistante comme sur pas mal de roadster et les longues virées autoroutières s'annoncent de suite être un calvaire pour vos cervicales et vos épaules. Mais rassurez vous, le petit réservoir ne vous laissera pas beaucoup d'autonomie et vous permettra de vous reposer.
Cette moto me brutalise donc sur les premiers kilomètres, laissant présager un tempérament sportif hors du commun.
Une bête d'arsouille
Je met de coté mes premières impressions pour prendre la route en direction de terrain de jeux que je connais, mais moins que là ou je vais habituellement en raison de la localisation de la concession.
Le rythme s'accélère donc considérablement sans que je ne m'en rende vraiment compte. En effet, le moteur est ultra rempli. il ne souffre d'aucun trou à l'accélération si bien qu'on arrive très vite au rupteur au point que l'on aimerait qu'il prenne 4-5000 tours de plus !!! Il vous tracte en effet très fort depuis les bas régime et sans jamais faiblir jusqu'au rupteur se situant aux environs de 10 000 tours. On tourne la poignée et le moteur répond immédiatement. Sur les routes viroleuses on sort d'un virage pour arriver sur le suivant plus vite que jamais.
L'habitabilité de la machine offre de multiples choix de position si bien que cette moto peut aussi bien être conduit à la façon d'un supermot, qu'à la façon d'un roadster. En effet la finesse de la machine permet de placer un bon déhanchement sans que que quoi que ce soit vienne gêner la manoeuvre. A titre d'info j'ai réalisé cet essais avec un ami faisant du supermot qui a emmené la moto de cette façon alors que moi je la conduisait comme un roadster et le résultat était le même. Une polyvalence en arsouille qui permet d'être soulignée.
La partie cycle est irréprochable. Elle réalise une excellente alliance entre vivacité et stabilité. les changements d'angles peuvent être rapides, sans que l'on est toutefois besoin de corriger la trajectoire. Elle s'inscrit comme il faut en courbe et n'y bouge pas. Cette partie cycle, très saine, pardonne même bon nombre d'erreur. En effet, suite à un excès d'optimisme à l'approche d'un virage j'ai fait un joli tout droit que j'ai rattrapé aisément en couchant littéralement la moto dans le virage et sans qu'elle ne me prenne en défaut. J'était également bien aidé par la paire de Dunlop Roadsmart qui rivent littéralement la Superduke au sol, qui ne décrochent pas lors de grosses accélérations malgré le couple du bi, et qui décroche vraiment de façon prévenante lors de gros rétrogadages.
Le freinage est quant à lui excellent. Il y avait longtemps que j'avais eu un freinage aussi performant. Outre le frein moteur omniprésent de la machine, les étriers 4 pistons et les disques de 320 mm vous arrêteront avec une fougue rare. Attention toutefois en condition humide ou je pense que le blocage de roue doit être très facile.
45 min de roulage et une petite frayeur ont raison de mon essai, il est temps que je la rende !
Bilan
KTM réalise donc un grand coup avec sa 990 Superduke. Cette moto est un véritable pousse au crime bénéficiant d'un moteur au répondant exceptionnel et d'une partie cycle permettant largement de l'exploiter.
Néanmoins, cette moto n'est vraiment, mais alors vraiment pas destinée au quotidien. La faible contenance du réservoir vous obligera à vous arrêter souvent faire le plein lors de ballade d'autant plus que l'absence de jauge du compteur vous obligera à être méfiant sur ce point. Les aspects pratiques sont inexistants et le caractère de la moto est vite fatigant sur un trajet domicile travail, surtout les jours de pluie ou il faudra redoubler de vigilance pour contenir la fougue de cette autrichienne.
A l'inverse, pour les motards cherchant une moto ludique, performante et hors du commun, le Superduke est fait pour vous et saura vous donner de très grosses sensations sans jamais vous lasser.
A près de 12000 euros la KTM Superduke en version de base reste cher (près de 14000 pour la Superduke R), sans compter sur un coût de l'entretient lus élevé que pour des japonaises. Le prix de l'exception sans doute ....
Les plus :
+ Le moteur
+ La partie Cycle
+ Le freinage
Les moins
- L'absence d'aspects pratiques
- Un quotidien difficile
- Le coût de l'entretient chez KTM
Annexe
Voici tout d'abord une photo du compteur de vitesse empruntée à Motomag :
Je souhaite enfin terminée par une petite parenthèse sur le modèle 2008 de la Superduke que j'ai également pu essayer (Vous l'aurez remarqué, ma machine d'essai est un modèle de première génération).
En 2008 le Superduke se voit légèrement restylé esthétiquement au niveau de la tête de fourche, bien que ca ne se voit peu.
Les modifications ont surtout portées sur le moteur avec un caractère plus lissé et moins démonstratif que ma version d'essai. En effet, si les 2 versions étaient en 106 cv, la mienne donnait vraiment plus de sensations. Il faut débrider la 2008 pour obtenir les mêmes prestations ... Dommage.
L'empattement a également été rallongé pour offrir plus de stabilité en courbe, mais la différence est relativement minime.
Le freinage passe quant à lui au radial, mais à mon niveau la différence ne se sent pas, le Duke freinant déjà très très fort.
Voici 2 photos du Superduke 2008 :
Prochainement
je cherche toujours à essayer un FZ6 S2 (N) pour finir mon comparatif des roadster mid size et ainsi vous donner mon avis sur la meilleure machine actuelle.
J'aimerais également pouvoir m'installer au guidon de la nouvelle 696 Monster que j'incluerait à ce comparatif.
Sinon je pense m'orienter vers de machines un peu plus "couillues" désormais et je n'ai rien décider à ce sujet.
Merci beaucoup d'avoir lu ce topic.
Bye