En fait, il faut se replacer dans le contexte de l'époque.
L'espèce humaine a évolué, depuis qu'elle est sortie de l'océan pour jouer de la massue sur la tête velue de ses voisins. On a tous un peu oublié nos débuts, quand, organismes monocellulaires, nous nous multipliions en nous divisant. C'était rigolo en soi, mais finalement pas très fun. Aujourd'hui, nous procédons par emboîtage (ce qui a donné des idées à M. Légo). C'est moins pratique, puisqu'il nous faut monter une association, mais c'est quand-même plus agréable. Et puis ça permet tout un tas de variations qui... euh... bon, passons.
Bref... Pourquoi je parle de ça, moi ?... Arf ! Voui : l'espèce humaine a évolué, donc. Sortie de l'eau, elle se transforme en un truc velu ressemblant à un singe. Par la suite, elle perdra tout ou partie de son système pileux, son museau se transformera en poire (vous noterez l'allusion fine et élégante au sujet d'ouverture de cette discussion), elle découvrira qu'en marchant debout elle voit plus loin et n'a plus mal au dos (hein, papa ?), etc. Je passe sur l'invention du cercle, qui mènera à la roue, qui elle-même mènera aux Harley Davidson, et m'en tiendrai aux seules évolutions physiques.
L'oreille de notre primate originel était grande, large, profonde et velue. Elle évoluera avec les âges, comme le reste du corps, pour aboutir à ce qu'elle est aujourd'hui : un objet de décoration finement ciselé, plein de circonvolutions aussi inutiles qu'esthétiques, proprement collé au crâne afin de faciliter la mise en place du casque obligatoire pour monter sur la Harley Davidson (et vous noterez de nouveau l'élégance du procédé qui permet à l'auteur - génial - de ce texte de faire le lien entre ce paragraphe et le précédent).
Mais il y a peu, cette oreille était encore imparfaite. Mal collée au crâne parce qu'on n'avait pas encore découvert les joies de la Harley Davidson (Tiens ! Encore un lien ! Mazette ! Quel tÂÂÂÂÂlent !...), elle était encore grande et méritait d'être dénommée "
feuille de choux". Résultat, quand on regardait quelqu'un en face, que ce quelqu'un tournait le dos au soleil, que ce soleil était éclatant de santé, et que le type était blanc comme farine (ce qui était fréquent chez les zaristocrates, en ces temps à la fois proches et reculés, puisqu'ils se reconnaissaient, d'une part à leur sang bleu azur, d'autre part à la pâleur de leur teint - vu qu'eux ne travaillaient pas au soleil), résultat, disais-je donc, on voyait en quelque sorte le soleil à travers les-dites oreilles (quand ils venaient dans les champs de canne à sucre jouer les inspecteurs des travaux finis), qui adoptaient alors la jolie couleur rose, voire rouge, de l'ivrogne patenté.
Les autochtones ayant le teint légèrement plus sombre que les zaristocrates (tiens ? un lien vers le paragraphe précédent ! Applause !!!!!!!), n'avaient pas cette caractéristique solaire. Ils les appelèrent donc les "
zoreilles", pour se foutre discrètement de leur poire (et hop ! Je ne commenterai plus, mais j'admire).
Voici, pour illustrer mes propos, la photo d'un zoreille :
Le même, dos au soleil :
Je vous remercie de votre attention.
(Eh ! Petit ! Elle est où, la buvette ?)