par JGab » 25 sept. 2011, 10:39
M'inspire pas trop, cette expression. Je l'emploie souvent, mais quant à lui trouver une origine...
Cela dit, Père l'Aigle m'a visité cette nuit, et il m'a donné l'explication.
Il y eut une époque où chaque village avait son fou, son simple d'esprit. Allez savoir pourquoi un, et pas deux ?... Sans doute, avec le recul, parce qu'il n'était pas que simple d'esprit: il était aussi le bouc émissaire de la grande famille des ballots, et donc le seul montré du doigt, ses semblables cachant leurs faiblesses sous des attitudes bougonnes, peu sociables, ronchonnes... qui les faisaient passer pour de mauvais caractères. Mieux vaut ressembler à un ours mal léché qu'à un stupide gallinacée, pensaient-ils.
Toujours est-il que l'un de ces simples d'esprit (appelons-le Nico, ce sera plus simple), toujours est-il que Nico, donc, était le chouchou de tout le village. Comme tous ceux de sa catégorie, d'ailleurs : le simplet du village était toujours moqué, mais également protégé, choyé, comme si une bonne action pouvait annuler automatiquement une mauvaise.
Nico, donc, était un garçon très gentil. D'ailleurs ne dit-on pas encore, de nos jours, Machin ?... Ouais, il est bien gentil" pour tenter de donner un avis positif sur quelqu'un dont on pense qu'il ne vaut pas tripette ? Il n'aurait pas fait de mal à une mouche. Du moins, il ne lui aurait pas fait de mal s'il avait su que c'était une mouche. Mais comme il croyait que ces insectes étaient des extraterrestres, il les démembrait chaque fois que possible pour leur faire comprendre qu'il leur fallait rentrer dare-dare sur leur planète.
En ces temps reculés, on n'avait pas de service d'hygiène, de services vétérinaires, et autres groupes de bons pensants dont l'activité principale consiste à faire disparaître le diable, personnifié dans le fromage au lait cru. Non, en cette époque terrible, on ne mangeait pas stérilisé : on mangeait vrai.
Et avec ce manger vrai, venait bien-sûr le goût, riche en saveurs variées, en odeurs prenantes, en joie de vivre. Mais venaient aussi certains risques.
Ainsi Nico mangea-t-il un jour de la viande issue d'un porc atteint de ladrerie. Il la fit, comme souvent, mal cuire, et ingéra donc des œufs encore vivants, qui se développèrent dans son intestin. Ainsi un ver solitaire se fixa-t-il dans ses boyaux. Quelques mois après son installation, Nico avait considérablement maigri. Il ne s'en inquiétait pas, cependant, il n'avait pas assez de neurones pour ça.
Mais un jour, il trouva des trucs bizarres dans ses selles. De longs machins blancs. Aujourd'hui, tout le monde sait que ce sont des anneaux gorgés d'œufs, que le ver laisse tomber afin qu'ils entament un nouveau cercle de vie. Mais Nico, lui, n'en savait rien. Il s'imagina être la victime des extraterrestres. Ceux-ci avaient pondu des larves en lui, qu'il évacuait quand elles étaient prêtes à envahir la Terre.
Pour lui, ce fut l'horreur complète. Lui qui avait passé sa vie entière à protéger les siens de ces visiteurs indésirables, lui qui était l'ultime bastion de l'humanité contre ces saloperies venues de l'espace, terre infinie où la main de l'homme n'avait jamais mis le pied, lui... lui ! Lui, se retrouvait réduit à l'état de mère pondeuse, à aider contre l'avis de son plein gré ces déjections des étoiles à venir détruire les siens !
C'en fut trop. Il décida donc, en un sursaut incroyable de courage et d'abnégation, de détruire le véhicule qu'avait adopté l'ennemi. Et le véhicule, c'était lui. Il retourna donc contre lui ces mêmes armes qu'il avait toujours utilisées contre les mouches : il se démembra lui-même et mourut dans d'atroces souffrances.
Au petit matin, un villageois trouva Nico, dans l'état que vous pouvez imaginer : les jambes et bras proprement rangés d'un côté, le corps de l'autre, cul nul, avec dans les selles et sur les fesses tout un tas de ce qui semblait bien être des nouilles, qu'il avait apparemment eu du mal à digérer puisqu'elles étaient passées directement dans ses déjections.
Le villageois venait le prévenir qu'il avait hérité du fermier général, mort dans la nuit. Ce dernier, très riche, n'avait pas de descendance : il avait donc décidé de léguer tous ses biens à Nico, le benêt de service, parce qu'il le savait incapable de méchanceté, de duplicité. Et qu'il espérait aussi, par cette bonne action, acheter sa place au Paradis. Quelle chance il avait, ce Nico, quand on y songe !
La nouvelle fit le tour du village : Nico avait été retrouvé le cul bordé de nouilles, et il avait hérité d'une fortune.
Par la suite, l'expression resta associée à l'idée de richesse, de chance. Avoir le cul bordé de nouilles, c'est donc avoir un bol pas possible. Et qu'importe si l'expression est née dans un drame horrible, puisque tout le monde l'a oublié.
Merci, Père l'Aigle, pour ton aide exceptionnelle !
Vala vala vala...
Note à benêt : Pour ceux que ça intéresserait, Nico n'avait pas de famille et l'histoire ne dit pas ce qu'est devenue la fortune du fermier général.
1. Lacha faire, lacha dire, lacha picha lou moutou.
2. Qui ne pète ni ne rote est voué à l'explosion.
3. Le jour où Microsoft vendra quelque chose qui ne se plante pas, ce sera probablement un clou.